Les politiques d’urbanisme, les choix de mobilités et les pratiques agricoles ont des impacts sur le climat mais aussi sur la santé humaine. Pour préserver celle-ci, il existe des solutions qui offrent également l’avantage de rendre nos territoires plus sobres, plus résilients, et de réduire nos émissions de polluants et de gaz à effet de serre.
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Bien pensé, l’aménagement peut avoir un impact favorable à la fois sur la transition écologique, la santé humaine et l’inclusion sociale : il peut lisser les inégalités », analyse Ariane Rozo, qui a coordonné pour l’ADEME une étude sur les liens entre santé et aménagement urbain. « De nombreuses actions présentent des cobénéfices », souligne l’ingénieure. Ainsi, par exemple, renforcer la nature en ville combat les îlots de chaleur, profite à la biodiversité, au cycle de l’eau, à la dépollution, au stockage du carbone… De la même manière, les mobilités actives protègent celles et ceux qui les pratiquent des risques liés à la sédentarité et participent aussi à la réduction de nuisances environnementales, à l’amélioration de la qualité de l’air et du cadre de vie, à la décarbonation du transport…
Aménager les villes
Si de nombreuses villes adoptent d’ambitieux plans vélos, quelques mesures simples suffisent parfois : à Belfort, c’est en installant des bancs adaptés que la ville encourage les seniors à marcher, une initiative récompensée en 2017 par le prix Territoria d’argent attribué par le ministère de la Cohésion des territoires. À Lille, Lyon ou Paris, les « rues scolaires », qui ferment à la circulation les rues des écoles aux heures d’entrée et de sortie des classes, sont un autre exemple d’actions multi-bénéfices associant ici sécurité, santé, environnement et qualité de vie et qui sont plébiscitées par les parents d’élèves. Une mesure qui va dans le même sens que les zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) dont le déploiement dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants avant le 31 décembre 2024 est prévu par la loi Climat et Résilience, avec l’interdiction progressive des véhicules les plus polluants. « Cette loi offre l’opportunité de réexaminer la place de la voiture en ville. Cependant, diminuer la place de la voiture en ville exige un déploiement très important des alternatives pour se déplacer autrement et un accompagnement ciblé des particuliers et des professionnels les plus touchés », indique Nadine Dueso, cheffe du service Qualité de l’air de l’ADEME.
Transformer les territoires
La qualité de l’air figure désormais au cœur des plans climat-air-énergie territoriaux (PCAET). En janvier 2022, l’étude Plan’air évaluait la manière dont était intégrée la question de l’air dans les PCAET de 30 collectivités. « De manière générale, les diagnostics sont bien faits, notamment grâce à l’expertise des associations de surveillance agréées (AASQA). Toutefois les stratégies et les plans d’action intègrent rarement des objectifs précis et une évaluation de l’impact des mesures », constate Nadine Dueso, qui reconnaît la difficulté de l’exercice : « Les pollutions de l’air sont d’origines diverses. Certaines découlent directement du trafic routier ou de nos modes de chauffage, d’autres peuvent provenir d’activités agricoles ou industrielles plus éloignées. Toutes varient en fonction des conditions météorologiques telles que le vent, la pluie, la température… Cette complexité peut s’avérer décourageante quand il s’agit d’apprécier les effets sur la qualité de l’air de telle ou telle mesure ponctuelle. » La spécialiste recommande donc d’agir simultanément sur plusieurs secteurs : mobilité, industrie, chauffage, agriculture… car des solutions existent pour chacun d’entre eux. Pour l’agriculture, l’appel à projets Agr’Air, lancé en 2017, a fait émerger 10 lauréats dont les pratiques agricoles conduisaient à une réduction des pollutions atmosphériques (ammoniac et particules fines). Le projet ENORQUA, par exemple, a permis de mobiliser 11 éleveurs de porcs en Normandie et de les accompagner dans l’achat d’équipements permettant de réduire les émissions d’ammoniac lors du stockage ou de l’épandage.
Autre levier : le chauffage au bois, qui représente 41 % des émissions de particules fines (PM 2,5). Une pollution largement attribuable aux foyers ouverts (cheminées anciennes) et aux équipements peu performants, qui émettent jusqu’à 10 fois plus de particules que des appareils de nouvelle génération bien dimensionnés, bien entretenus et alimentés avec du bois sec et de qualité. Le gouvernement souhaite réduire de 50 % entre 2020 et 2030 les émissions de particules fines du chauffage au bois domestique dans les territoires couverts par un plan de protection de l’atmosphère. Pour atteindre cet objectif, des aides vont accélérer le renouvellement des équipements anciens au profit d’appareils performants. Un guide de l’ADEME rappelle les bonnes pratiques d’utilisation des appareils. Ensemble, élus et citoyens, peuvent mettre la transition écologique au service de la santé de tous.
Agriculture urbaine : des bénéfices pour la santé
Doté de 34 millions d’euros, le dispositif de soutien à l’agriculture urbaine et aux jardins partagés du plan France Relance, désormais intégré à France 2030, accompagne des projets locaux à visée environnementale et sociale dans les quartiers prioritaires et zones de renouvellement urbain. L’opération « Quartiers fertiles » pilotée par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine prévoit le financement d’une centaine de fermes urbaines. Le développement de cette agriculture urbaine permet une alimentation plus saine mais elle améliore aussi le cadre de vie des habitants. Elle contribue à la résilience des territoires, rétablit des liens sociaux et s’inscrit généralement dans des projets pédagogiques autour de l’environnement et de l’alimentation. Ainsi en région parisienne, l’association Veni Verdi accueille chaque semaine 1 300 enfants et 500 adultes dans ses 9 jardins potagers, qui sont, pour la plupart, installés sur les toits d’établissements scolaires.
Plus d’infos : le site web de Veni Verdi